Caillou caillou
Partir de l’idée que les roches ne sont pas des noms mais des verbes, une preuve tangible de processus(1). Une partition dynamique sur laquelle nous appuyer. Nous voulons nous laisser inspirer par le mouvement éolien et fluvial des sédiments, la saltation. Puiser, aussi, vers un autre mouvement portant ce même nom de saltation, qui, dans l’antiquité, alliait la danse et la pantomime.
Pour cela, imaginer une manière d’être ensemble, une danse, un geste qui ferait confluence en invitant et partageant l’espace de jeu avec des amateur·ice·s, habitant·e·s, rencontré·e·s en amont.
(1) Matthieu Duperrex, La rivière et le bulldozer.

Il s’agira de recueillir les cartographies ouvertes par les voies du sédiment. Accueillir, aussi, les géologies intimes et politiques qui pourraient s'y glisser : ce que le minéral souligne, c’est une porosité, une altération toujours possible, c’est aussi le karst de vivre, des béances bienvenues. Si les sédiments emportent avec eux les bassins hydrologiques, c’est jusque dans nos abris (matériaux de construction) ou au plus intime : n’est-ce pas l’eau qui sait même traverser les corps ?

Chercher des langues qui sauraient dépasser le siècle à l’échelle duquel nous avons l’habitude, nous autres, de voir le monde. Revenir aux temps premiers, à la fracturation de la roche-mère, tout en se préoccupant du partage de l’eau aujourd’hui.
Fouiller la force des langues-cailloux avec la conscience que le minéral fait l’aliment, que le sédiment fait le mur et filtre l’eau, et que le galet ramassé au bord du ruisseau contient, bien sûr, toutes les magies qu’on saurait lui accorder.

« Celui qui parle, celui qui écrit, c’est un qui jette ses mots comme des cailloux divinatoires, comme des dés lancés. »
Valère Novarina, Devant la parole.